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Les incroyables aventures de Paprika

1 juin 2007

Les incroyables aventures de Paprika en stage d'informatique

STAGIAIRE

Le stagiaire, à son patron :
- que vais je faire aujourd'hui ?

- Des photocopies.

- Et s'il n'y à plus de photocopies à faire ?

- Tu plieras des lettres, pour les mettre dans des enveloppes

- Et une fois ces lettres pliées...

- Tu répondras au téléphone.

- S'il ne sonne pas ?

- Tu nettoieras les poubelles.

- Elles sont déjà vidées.

- Alors tu feras du rangement dans le bureau.

- La femme de ménage s'en charge.

- Au fait, t'es là pourquoi déjà ?

 

Enfin, pendant les stages, le plus drôle, c'est le transfert d'appels. Imagine toi ton lieu de travail : une grande salle, avec plusieurs bureaux, dans les coins (parfois séparés d'une espèce de cloison, totalement inutile, si l'on prend comme principe que c'est pour isoler les gens pour qu'ils travaillent mieux. L'objectif de la cloison, c'est l'intimité, derrière la cloison, tu passes facile une heure sur MSN, tu peux te curer le nez, regarder ton portable, télécharger des snuff movies, accrocher des photos de tes gamins que tu voies jamais parce que tu les préfères en photo sur la cloison, et bien sûr, bien sûr, je te laisse imaginer ce que tu veux, à toi de te créer ta cloison, mets y ce que tu veux, la cloison c'est la liberté).

Pour en revenir à la configuration du bureau, c'est donc une sorte de labyrinthe beige – gris – marron, dans lequel il y à autant de téléphones que de bureaux. C'est là qu'intervient le transfert d'appel. C'est un peu au plus rapide de répondre, cela dépend de qui est parti au café – clope dans la cour, chercher le courrier, dans la cuisine, aux toilettes, il faut tout envisager. Alors là, tu décroches, tu balances la phrase (genre, le seul truc que tu dis bien au téléphone quand t'es stagiaire, la petite phrase, tu la maîtrises, tu prends ta plus belle voix et là, musicaaaaal : « ganagnagna de gnagnagna, bonjour », jusqu'ici tout va bien, héhé. C'est marrant, avant d'être stagiaire, quand une société appellait chez toi pour te vendre des lada sport, tu remarquais jamais la petite phrase. Cette période est révolue!). La petite phrase terminée, le stress commence à monter en toi! Tu peux pas répondre au gars qui te pose une question, que tu n'aurais même pas imaginée dans tes pires cauchemars. Tu essayes bien de prendre un post it, un stylo qui marche pour noter ce qu'il dit, rien à faire, ça va trop vite, t'as même pas eu le temps d'entendre son nom. Il parle de trucs hallucinants, de tarifs spéciaux, de dates, nombre de personnes accompagnantes, animaux, de trucs à envoyer, à recevoir, à remplir. Là tu le stoppes net, avec ces petites formules un peu froides style « je vous passe la personne qui s'en occupe », ou encore le très ado-qui-fait-son-premier-stage « jsui stagiaiR, jvi1 just dariV, jvou pass qqu1 dplus compéten ».


C'est là qu'intervient le transfert d'appel. On te l'à expliqué plusieurs fois, c'est simple. Prenons par exemple un appel de Monsieur Labatut de la boucherie hallal de Montgiscard que tu dois transférer au « chef ». Tu appuies sur un bouton marqué du nom du chef, puis étoile ou dièse, c'est selon, et là, normalement, t'as le chef au bout du fil. Tu lui dis que tu vas lui passer... Merde! Qui déjà? Mais non! T'as oublié de noter le nom! Et là tous tes cauchemars prennent vie, tes collègues te regardent comme un espèce d'animal attardé, eux ça fait dix ans qu'ils font ça, faut dire que t'es divertissant sur le coup (une fois que tu auras raccroché, ils auront des formules consolantes/cassantes du style « quand tu fais ça, n'oublie pas... » « tu sais, quand tu fais ça, il faut jamais ».) Bon voilà, niveau un passé... Game over, tu seras pas l'employé du mois mon p'tit poulet! Pas grave, tu vas pouvoir te rattraper. Le plus dur reste à faire. Passer l'appel au chef. Là on appuie sur un bouton... Et  on raccroche! Aussi fou que cela puisse paraître. Il faut raccrocher pour transférer un appel! C'est là que c'est le plus accablant sur le plan psychologique, finalement. Tu prends un air fier, mais au fond, tu profiles bas. Imagine : tu viens peut être de raccrocher au nez de quelqu'un!!! Secrétement, tu pries pour que le téléphone ne se remette pas à sonner avec le boss au bout qui dit que ça à raté, y'avait personne. En plus, dans ces moments là, c'est jamais toi qui répond, c'est une collègue, et là elle te regarde avec ces yeux fuyants, les formules sont courtes « oui » « je lui dirais ». Putain. Mais qu'est ce qu'ils peuvent bien se dire ? Et là, une fois le téléphone raccroché, une ptite formule consolante/cassante. Héhé!


La morale de cette histoire, c'est que le stage, c'est un peu une sorte de partie de basket avant laquelle tu aurais été drogué aux somniféres, par jalousie de la part d'un autre joueur, qui t'as tendu un verre de jus d'orange, c'est plein de vitamines, tu le sais bien, ton entraîneur te l'à dit plein de fois. Pendant le match, tu es pathétique mais, justement bien utile. T'es tout le temps démarqué, mais en même temps t'es en train d'apprendre les règles. Tout le monde peut rejetter la faute sur toi. Si tu réussis un dunk, t'es tellement à la masse que tu t'en rends même pas compte et n'importe qui peut s'attribuer ton mérite, tellement on te remarque pas. Allez, un jour tu seras l'employé du mois, comme à Mc Do, on collera ta photo sur le frigo avec ton T shirt aux couleurs de l'entreprise, la petite médaille, et en bas, en grosses lettres « Employé du mois » pour qu'on sache qui t'es, parce qu'il faut dire ce qui est, quand on te voit là dessus on à plutot envie de chercher l'adresse où on peut t'envoyer des dons.

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